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Retour sur le désherbage mécanique en Brie

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La gestion des adventices devient de plus en plus problématique en Brie. Les désherbants sont de moins en moins efficaces et surtout de moins en moins présents, surtout en sols drainés ! Certaines parcelles présentent aujourd’hui un stock semencier non négligeable d’adventices !

Face à cette problématique croissante, les adhérents du GEDA d'Esternay ont décidé cette année de travailler le thème du désherbage mécanique en terres difficiles. Pour cela ils ont fait appel à Grégoire FAUVAIN, conseiller spécialisé en agriculture biologique à la Chambre d’agriculture de la Marne, et aux agriculteurs Grégoire LAUNEY et Loïc BARRAT, convertis en bio depuis l’an dernier, pour écouter leur témoignage.

Avant le désherbage mécanique, les fondamentaux agronomiques !

  • La rotation est le 1er  moyen de lutte contre les adventices. En diversifiant les cultures, il est possible d’alterner les périodes de semis (printemps, été, automne). L’alternance des périodes de semis permet de ne pas « spécifier » la flore adventice. Par exemple une rotation comprenant uniquement des cultures d’automne risque de multiplier de manière importante les vulpins et les véroniques ; de la même manière les rotations de printemps risquent de multiplier les chénopodes, renouées, etc…Diversifier sa rotation revient à lutter très efficacement contre les mauvaises herbes. Les dates de semis : en retardant le semis du blé à l’automne, les vulpins lèvent avant ceux-ci. Encore faut-il ne pas prendre trop de risques dans les sols compliqués d’accès lorsque l’automne devient pluvieux.
     
  • Les associations de culture : en agriculture bio, ce moyen de lutte est souvent utilisé. Des séries d’essais ont montré que les cultures en solo (blés, féveroles  et pois) sont bien plus infestées que les cultures identiques mais associées. Aujourd’hui en agriculture conventionnelle, le rendement n’est pas au rendez-vous, mais c’est une piste à creuser…

 

Photo 1 : Association féverole/blé : l’effet « étouffant » des deux espèces laisse peu de place aux adventices comparé à une féverole cultivée seule…

Les outils de désherbage mécanique

La herse étrille standard : elle est très polyvalente et s’utilise tout au long de la culture (destruction faux semis, en post-semis/prélevée, dès 2 feuilles blé et jusque épiaison).
Très difficile à utiliser cette année en Brie. En craie, certains ont réussi à faire un passage ! Pour passer dans des cultures sensibles (pois, lentilles, féveroles, betterave) une faible agressivité est nécéssaire.
Pour cela une vitesse d’avancement lente, une faible inclinaison des dents et des dents de diamètre fin (6-7mm) sont nécessaires.


Même utilisation que la HE standard.
L’avantage de cet outil est l’homogénéité de l’agressivité sur l’ensemble de l’outils car contrairement à la HE standard où les dents sont fixées sur des cadres de 1,50 m ; chaque dent est reliée à un ressort unique.
En réglant la tension des ressorts, on assure une pression identique au niveau du sol pour chaque dent.

La houe rotative, reste très utile en terre battante pour décroûter les sols. Mais en matière de désherbage, son efficacité reste très limitée . Elle est à proscrire dans les cailloux !


La rotoétrille, équipée de soleils avec des dents droites, permet des passages en sols battants et en présence de résidus et/ou de cailloux.
Sa vitesse d’avancement fera son efficacité. C’est l’outil qui pourra convenir le mieux aux sols difficiles.


La bineuse inter-rangs à guidage caméra demande un semis adapté : plus l’écartement des rangs sera important, plus il sera facile de biner.
Un espacement de 20/25 cm semble être un bon compromis entre rendement et efficacité.


L’écimeuse suscite de nombreuses questions, surtout vis-à-vis des graines pouvant tomber au sol à maturité au moment du passage de l’outil…


Le récupérateur de menues pailles testé il y a une dizaine d’années, permet de limiter le stock de graines adventices de la parcelle…
mais pas toutes non plus : certaines  arrivées à maturité  tombent avant la moisson ou devant la coupe. Et le débit de chantier à la moisson est ralenti…

Le choix des outils

Il sera donc fonction des types de sols et des usages attendus. Les tableaux ci-dessous présentent les meilleurs choix possibles. On y observe que le désherbage mécanique dans les parcelles à charge élevée en cailloux  trouve ses limites. Le broyage des cailloux, s’il est possible, « arrangera » un peu les passages…

Un investissement à bien raisonner

Autant en terres de craie, l’investissement est souvent vite rentabilisé, autant il devient discutable en terres battantes et pire encore avec des cailloux ! Il est primordial de choisir les outils les plus compatibles et utilisables avec vos conditions d’exploitation. Retrouvez la présentation des différents outils en cliquant ici.

Les utilisateurs

Grégoire et Loïc, agriculteurs au sud d’Esternay, n’ont pas investi dans une herse étrille. Cet automne, aucune fenêtre ne s’est ouverte de toute façon pour permettre un passage « à l’aveugle ».
Leur parcellaire est composé de limons, d’argile et bien souvent de cailloux !
Ils ont investi dans une bineuse « Steketee » avec caméra. Leurs blés semés à 25 cm d’écartement ont pu être désherbés localement.
Selon eux, la rotation reste le moyen de lutte le plus efficace. Grégoire,  éleveur,  pratique beaucoup les associations. Les méteils sont travaillés de près sur son exploitation.

Désherbage mécanique en Brie : mythe ou réalité ?

Les problématiques en Brie sont bien plus importantes que dans les sols de craie ! Ressuyage plus lent, portance plus délicate, battance, cailloux !

Les cultures sont essentiellement semées à l’automne pour des raisons d’accessibilité aux parcelles au printemps. Les « fenêtres de tir » sont restreintes, et l’achat à plusieurs ou en CUMA est vraiment compromis : difficile de partager un outil  que l’on a besoin au gré de la météo, parfois de façon très urgente !

Pour être intéressant économiquement, l’investissement dans le désherbage mécanique doit permette de réduire l’utilisation des herbicides ; cela  mérite vraiment d’être étudié avec précision. Les parcelles sont de plus en plus sales, mais il n’est pas certain que la piste mécanique permette une durabilité plus sûre que la rotation…