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Quand les conventionnels et les bio se retrouvent au sein du GEDA...

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Esternay, échanges conventionnels et bio

Echanges très nourris entre conventionnels et bio

Le GEDA d’Esternay organise ses rencontres tous les mercredis matin. Chaque semaine, un adhérent reçoit le groupe pour présenter ses cultures, ses techniques, ses interrogations, ses projets. Il y a quelques jours, le GEDA s'est associé au groupe technique Bio, animé par Grégoire Fauvain et Anthony Le Quemener, pour échanger autour de la conversion bio chez Laurent et Laetitia Brochot exploitants à Villeneuve La Lionne.

Un an après le début de la conversion, le paysage a bien changé au Ménil Tartarin ! 3 poulaillers ont poussé, hébergeant quelque 14 000 poulets ! Le matériel de binage s’est étoffé : une herse étrille et une bineuse caméra (Carré) ont pris place. Les cultures se diversifient également : du sarrasin, du tournesol, du soja, du triticale. En réflexion, de la luzerne, et pourquoi pas du chanvre.

Les poulaillers pour une autonomie azotée

La construction du dernier vient de s’achever ! Le travail réalisé cet hiver est énorme et très impressionnant. Les 3 bâtiments mesurent 480 m² chacun, et peuvent accueillir 4 800 poulets, élevés selon la charte bio : 10 poulets/m² et 2 ha de parcours. L’alimentation est intégrée, car l’auto-alimentation est très compliquée sur ce genre d’élevage. Les débouchés se feront en filière longue mais Laetitia envisage aussi de développer le circuit court (vente directe).
Le fumier issu de cet élevage permettra de fertiliser une trentaine d’hectares, à raison de 3 t/ha.

GEDA d'Esternay, poulailler

Les cultures s’étoffent

Le printemps 2017 a constitué le lancement de la conversion. Les cultures alors en C1 étaient composées de blé, féverole, soja et tournesol. Le blé déjà désherbé à l’automne et fertilisé au début du printemps (car encore conventionnel à cette date-là) a atteint le potentiel des blés du secteur. Les féveroles, malgré une problématique désherbage ray-grass assez prononcée (le matériel de binage est arrivé trop tardivement) atteignent 35 q/ha. Celles-ci étaient autant bruchées que les féveroles conventionnelles. Le tournesol et le soja font respectivement 22 et 20 q/ha.

Pour cette campagne 2018, 30 ha supplémentaires viennent s’ajouter aux 35 ha déjà convertis. La réglementation de l’agriculture bio interdit les « doublons de culture » sur une exploitation mi- conventionnelle, mi- biologique. Il faut donc organiser son assolement afin de ne pas avoir deux cultures identiques en bio et en conventionnel la même année. La diversification des cultures peut être une solution.
Le triticale d’hiver a été semé dans une parcelle assez difficile. Un « rond de 2 ha » a disparu ce printemps suite aux conditions particulièrement pluvieuses cette année ! Il a été ressemé en direct avec du triticale de printemps.
Le labour a refait son apparition sur cette ferme historiquement adepte du semis simplifié puis direct (plus de 30 ans sans labour !).
Les maïs atteignent 6 feuilles aujourd’hui. Le binage pourra être réalisé dès que les sols ressuieront après les grosses précipitations orageuses enregistrées ces derniers jours.
En conventionnel, les cultures de colza et d’escourgeon sont toujours là, car la paille d’escourgeon est recherchée pour un paillage plus absorbant. Laurent se propose de semer le colza à 50 cm d’écartement l’an prochain de manière à pouvoir le biner.

Le parc « matériel » s’agrandit

Les sols au Mesnil Tartarin sont assez difficiles : parcelles inondables côtoient des parcelles caillouteuses. L’exploitation est dotée d’un broyeur à cailloux, qui a repris du service depuis le retour de la charrue ! Effectivement le semis simplifié avait eu pour principal résultat la disparition des pierres en surface ! Le labour a inversé le processus !
Une herse étrille de 6 m et une bineuse à caméra « Carré » de 4 m sont arrivées en fin de campagne dernière. Une vieille houe rotative de 3 m vient compléter cet ensemble dédié au désherbage mécanique. Laurent apprend à se faire la main. Il reconnaît qu’il faut être très méticuleux sur le réglage de la herse pour obtenir le bon compromis entre agressivité et efficacité. La bineuse optique est réglable selon les cultures et leur écartement entre les rangs, et demande un travail « mécanique » d’adaptation avant utilisation.

GEDA d'Esternay, agri conventionnels et bios     GEDA d'Esternay, agri conventionnels et bio

Les échanges sont fournis

Quelques agriculteurs bio venus de l’Aube ou du nord de la Marne ont alimenté également la conversation. La question aujourd’hui des adhérents « conventionnels » du GEDA a tourné autour du semis direct en bio ! Serait-il possible de remplacer le glyphosate par une technique agronomique appropriée ? Pour limiter aussi la remontée des pierres, Laurent se pose la question de la bêche mécanique. Enfin, le temps gagné à ne pas se servir du pulvé (remplissage, traitement, rinçage) s’équilibre-t-il avec le temps passé à biner (réglage de l’outil, passage) ? Les inquiétudes liées au choix des produits phytos, aux sélectivités des programmes ou aux maladies s’estompent-elles dans ce nouveau système ?
Laurent n’est pas sûr du gain de temps : il faudra passer beaucoup plus de temps à observer le comportement des cultures dans leur nouvel environnement pour affiner chaque jour davantage cette technique dite « Agro ».