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Quand AUREA dope les ventes de potasse !

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Le poste des engrais de fond (P, K, Mg) a longtemps été considéré comme incontournable pour préserver et améliorer la fertilité des sols. La méthode de calcul de la fumure potassique issue des travaux du COMIFER, fait consensus tant au niveau départemental que national. Pourtant les conseils délivrés par le laboratoire AUREA sont différents et supérieurs…

Le poste des engrais de fond (P, K, Mg) a longtemps été considéré comme incontournable pour préserver et améliorer la fertilité des sols. Avec la forte augmentation du prix des engrais de fond il est lui aussi passé au crible de la rentabilité des charges opérationnelles. Des apports adaptés à la fois à l’exigence de la culture et au niveau de richesse des sols permettent de faire des économies substantielles sans prendre de risques.

La méthode de calcul de la fumure potassique issue des travaux du COMIFER, fait consensus tant au niveau départemental que national. Pourtant les conseils délivrés par le laboratoire AUREA sont différents et supérieurs à ceux calculés avec la méthode COMIFER.

Méthode COMIFER : rappel des principes

Depuis le début des années 1990, avec la synthèse des nombreux essais longue durée mis en place dans les années 1970 à 1980, le COMIFER (COMIté pour une FErtilisation Raisonnée) a complètement revu l’approche de la fertilisation de fond. Il a notamment remis en cause les pratiques d’enrichissement en sols pauvres, et introduit les notions de cultures exigeantes et de passé de fertilisation.  

Après l’analyses des nombreux résultats des essais longue durée, pour chaque groupe de cultures selon leur niveau d’exigence (vis-à-vis du P ou du K), et selon le type de sol, le COMIFER a retenu 2 niveaux de seuils de richesse du sol :

  • une valeur Teneur  renforcée (Trenf) en-dessous de laquelle le niveau de réserve ne permet pas de satisfaire correctement les besoins de la culture, et qui nécessite un renforcement des apports par rapport à un sol « bien pourvu »
  • une valeur Teneur impasse (T impasse) au-delà de laquelle un apport d’engrais ne procure pas de gains de rendement

 

Entre ces deux valeurs seuil on considère qu’un apport couvrant les exportations de la culture est nécessaire et suffisant.

Ainsi le COMIFER a établi une grille de coefficient à appliquer en fonction de l’exigence de la culture, de la teneur du sol, du devenir des résidus du précédent (enfouis ou exportés) et passé de fertilisation l’exigence de la culture.

Fig 1 : Calcul de la dose de fumure PK selon méthode COMIFER

calcul de la dose PK

 

Grille de calcul : donnant le coefficient à appliquer aux exportations, exemple de la potasse

Coefficients exportations

Ainsi pour une culture de faible exigence, le coefficient appliqué aux exportations varie de 0 à 1.2.

Cas particulier de la potasse

Au niveau de la potasse le classement des cultures selon leur exigence est le suivant :

Culture/exigenceFaibleMoyenneForte
 Blé tendre, blé dure, orge, avoine, seigleColza, luzerne, pois, maïs, tournesolBetterave, pomme de terre

 

Ainsi si la betterave et la pomme de terre sont sans surprise classée en cultures exigeantes, les céréales à paille sont peu exigeantes. Ainsi la réponse à un apport d’engrais potassique est très rare sur du blé, et seulement dans des situations très pauvres (moins de 100 ppm en limons par exemple).

En sol de craie les T impasse sont les suivants :

  • cultures exigeantes (betterave, Pomme de terre) : 400 ppm
  • Cultures moyennement exigeantes (colza, luzerne, pois): 250 ppm
  • Cultures faiblement exigeantes (blé, orge): 100 ppm

En sols de craie la teneur médiane en potasse des analyses réalisées en 2017 et 2018 (1400 analyses au laboratoire de la CAMA) est proche de 300ppm. Les parcelles ayant une teneur inférieure à 150ppm représentent seulement 5% des analyses effectuées. On voit donc qu’on est généralement largement au-delà du seuil impasse retenu pour le blé ou l’orge. Ceci conduit généralement à un apport faible et très souvent nul en potasse pour ces cultures, en particulier lorsqu’elle viennent après une tête d’assolement (BS, colza, pois).

Des conseils AUREA qui différent nettement de ceux donnés par le COMIFER

A l’occasion de la formation organisée par la Chambre d’Agriculture »maitriser ma gestion de la fumure de fond » certains agriculteurs sont venus avec des analyses réalisées et interprétées par le laboratoire AUREA implanté en région Centre. En travaillant sur ces cas pratiques les conseils de fumure en potasse sont supérieurs à ceux que nous obtenons avec notre logiciel d’interprétation PK express que nous utilisons.

Le tableau ci-dessous donne la comparaison des conseils pour 2 parcelles de craie

Tableau

On voit que l’écart de dose conseillée est d’environ 150kg de K2O sur 3ans soit 50kg/ha/an, et cet écart est identique, que l’on soit en en sol plutôt pauvre ou plutôt bien pourvu (voire presque l’inverse dans ce cas). Ce supplément de fertilisation engendre un cout non négligeable et n’a aucun intérêt économique. Il repose essentiellement sur des apports sur céréales qui ne sont pas conseillés avec la méthode COMIFER.

Comment ajuster le conseil AUREA

Vous pouvez très bien suivre ce conseil à la lettre et vous prenez alors le parti d’enrichir vos sols, en sachant que la rentabilité économique ne sera pas au rendez-vous. Si vous souhaitez limiter la fumure (ou donner la priorité à d’autres cultures que les céréales) soit pouvez :

  • demander un nouveau calcul à votre conseiller GEDA avec le tableur PK express (sous Open Office), ou le réaliser vous-même puisque le logiciel est disponible auprès des conseillers GEDA
  • ne pas tenir compte des pertes au sols qui n’existent pas dans la méthode COMIFER
  • ne pas faire d’apport sur les céréales puisque sauf cas de sol très pauvre en K2O, (moins de 110ppm) ou après 2 années d’impasse le conseil est de 0. Ainsi après une betterave fertilisée, le blé et l’orge qui suivent ne nécessitent pas d’apport. Si une 3eme paille suit elle devra en revanche être fertilisée.