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Lutte contre la grosse altise : nord contre sud

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La protection contre les insectes à l’automne est indispensable pour préserver le potentiel des cultures, surtout lorsque comme les 2 dernières années les levées sont lentes et difficiles. La grosse altise est devenue la cible n°1, largement répandue, avec des vols parfois très importants. Pour affiner la meilleure stratégie de positionnement et choix de produit (pyrèthre ou Boravi WG,) un réseau de 7 essais grosse altise a été mis en place cet automne. Il couvre l’ensemble des zones du département, de Sézanne à Suippes en passant par Châlons et Fismes (cf. carte ci-dessous).

Une dynamique de captures variable avec des pics fin septembre

Dans chaque parcelle, les captures ont été suivies grâce à une cuvette jaune enterrée puis remontée en même temps que la croissance du colza. Le graphique 1 ci-dessous montre la dynamique de vol. La période de fin septembre est celle où l’activité a été la plus intense. Elle a pu durer sur octobre avec le retour des pluies. L’essai situé en Brie n’enregistre quasiment aucunes captures, ni dégâts, il a donc été abandonné. La relation entre présence de larves en sortie d’hiver (ce qui pénalise la reprise de végétation) et le nombre de captures à l’automne est cependant imparfaite. Si à la Chapelle-Lasson ou Coolus, un nombre élevé de captures se traduit par un nombre de larves/plante supérieur, à Somme-Vesle ou Courville malgré un nombre de captures élevé, l’attaque est plus faible.


Graphique 1: Evolution du nombre de captures de grosses altises

Estimer le nombre de larves à l’automne, pour décider d’une intervention

La méthode Berlèse permet de compter le nombre de larves présentes dans les plantes à un moment donné. Ce décompte est toutefois délicat car la dynamique de vol et des pontes le fait évoluer tout au long de l’hiver. Si le seuil de 3 larves retenu par Terres Inovia semble pertinent, des comptages trop précoces sous-estiment le potentiel de ravageurs. Ainsi des comptages fin novembre-début décembre sont les plus proches de l’état en sortie d’hiver. Toutefois celui-ci peut augmenter fortement comme le montre le graphique 2 ci-dessous.


Graphique 2 : Evolution du nombre de larves/plante entre novembre et mars

Des réponses différentes selon les lieux

Dans chaque essai nous avons testé plusieurs modalités de protection, présentées dans le tableau ci-dessous. Certaines modalités particulières n’ont pu être testées dans certains essais comme l’application de macération d’ail. L’objectif principal est de répondre à ces questions :
- Quand utiliser Boravi WG ? courant octobre ou plutôt en novembre ?
- Une pyrèthre a-t-elle encore un intérêt ? et à quel moment l’utiliser au mieux ?


Tableau 1 : Sites des essais et programmes testés

Pour mesurer l’action des insecticides nous mesurons 2 paramètres : le nombre de larves d’altises en sortie d’hiver et le % de plantes buissonnantes à la reprise de végétation (courant mars). Si on raisonne globalement sans entrer dans le détail des modalités, il apparaît que pour des conditions de croissance du colza et des pressions insectes similaires, les efficacités des insecticides sont différentes au sud et au nord du département. Ainsi le graphique ci-dessous montre que la réduction du nombre de larves au printemps en moyenne des 5 traitements de référence (modalités 2 à 6) varie selon les sites. Ainsi à la Chapelle-Lasson, aucune modalité ne permet de diminuer sensiblement le nombre de larves/témoin. Inversement à Bussy le Château, on divise par 3 le nombre de larves.


Graphique 3 : Nombre de larves d'altises dans le témoin et la moyenne des modalités 2-3-4-5-6

Boravi WG ou pyrèthre en 1er

Cette question est essentielle, mais elle dépend à la fois des lieux et des cibles.
Si on regarde l’action sur grosse altise en mesurant le nombre de larves en sortie d’hiver, même si selon les sites l’efficacité est variable, le Karaté appliqué en 1er (vers fin octobre, début novembre) suivi par Boravi WG donne les meilleurs résultats : 76 % d’efficacité contre 52 %. Toutefois, seul l’essai de Bussy où la pyrèthre fonctionne bien présente un bon biveau d’efficacité. Inversement le site de Coolus montre une action limitée des insecticides, et les applications tardives n’améliorent pas l’efficacité globale. Est-ce dû à un premier traitement trop tardif ou une situation qui se rapproche de celle de la Chapelle-Lasson ? Nous n’avons pas d’éléments pour répondre.

Dans nos essais la cible était la grosse altise, mais à l’automne on doit aussi tenir compte du charançon du bourgeon terminal. Seuls 2 essais ont enregistré un nombre élevé de captures de charançons : Avenay et Courville (plus de 100 charançons en 2 vols successifs à 15 j d’intervalle). Si on regarde le pourcentage de plantes buissonnantes (qui intègre altises et CBT) : le classement diffère selon les sites ; la double application est supérieure à un traitement unique fin novembre, qui visait les larves, avec une supériorité du programme avec Karaté au T1 (graphique ci-dessous). Courville fait exception, car dans ce secteur à forte pression charançon, où il y a déjà eu des échecs de traitement avec les pyrèthres, le Boravi WG au T1 réduit significativement la fréquence de plantes buissonnantes, et reste donc la matière active à utiliser en priorité sur cette cible en cas de résistance aux pyrèthres.


Graphique 4 : Efficacité des traitements sur la réduction du nombre de plantes buissonnantes en sortie d'hiver

Une lutte compliquée quand les pyrèthres ne sont plus efficaces

L’effet lieu, avec un gradient nord-sud des efficacités est confirmé. La limite est difficile à cerner. Il semble bien que le sud-ouest de la Champagne (jusqu’aux portes de Châlons) soit la zone où en cas de forte pression les insecticides soient faiblement efficaces. Ailleurs, le Karaté Zéon fin octobre procure une bonne, voire très bonne action. Cette année, un relais par une application tardive fin d’hiver n’a pas procuré de gains, mais rappelons que le mois de janvier a été plus froid qu’en 2020. Le Boravi WG sur grosse altise a une efficacité qui reste moyenne et, en forte pression de population résistante aux pyrèthres, ne permet pas de protéger la culture efficacement. Le levier agronomique est donc nécessaire, mais pas toujours suffisant.