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Geda de Bazancourt : avec ou sans phytos ?

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La herse étrille est un des outils de désherbage mécanique les plus polyvalents en Champagne

Fin janvier, les adhérents du Geda ont assisté nombreux à leur traditionnelle assemblée générale, un des moments forts de la vie du groupe. Cette année, c’est l’avenir des produits phytosanitaires qui a alimenté les discussions : plan Ecophyto 2, séparation vente/conseil, hausse des redevances pollutions… La réflexion sur des alternatives s’impose.

Tour de plaine désherbage avec les ingénieurs de l’ITB, réalisation de profils de sol avec des chargeurs télescopiques, réunions du groupe agriculture de conservation du Geda, échange sur la production de betterave avec Cristal Union, formation coût de production…. L’année a été riche en animations sur le Geda de Bazancourt. Du côté des produits phytosanitaires, l’année a été un peu moins rose. Image sociétale dégradée, progression des résistances, hausse des redevances pollutions diffuses... Les maux pleuvent.
Hasard ou causalité, les pratiques agricoles évoluent, les techniques de production s’extrémisent, telle que l’agriculture de conservation ou l’agriculture biologique. Face à cela, les agriculteurs s’interrogent. Comment continuer à produire ? Et quels investissements envisager ?
Afin de représenter le plus possible les situations terrain, les réflexions techniques de la journée ont été animées par des tandems conseillers/agriculteurs. L’imbrication des phytos avec les techniques alternatives composait le fil rouge des échanges. Faut-il investir dans un semoir à semis direct et ne plus travailler le sol ou dans une herse étrille et multiplier les façons superficielles ? C’est pour répondre à ce type de questions posées par des adhérents que trois thématiques ont été disséquées : la baisse de doses de phytos à travers l’optimisation de la pulvérisation, les expérimentations moins de phytos dans les fermes du réseau « Dephy » et les techniques culturales alternatives, de l’agriculture biologique.

Baisser les doses via l’optimisation de la pulvérisation

50, 60 voire 70 litres d’eau par hectare, c’est une des caractéristiques parmi d’autres du bas volume qu’expose Jean-Paul Daouze, conseiller machinisme à la Chambre d’agriculture de la Marne. Car le bas volume, sans être une finalité, peut constituer une porte d’entrée pour la baisse des produits phytosanitaires. Plusieurs séries d’essais réalisés dans la Marne par le service productions végétales de la Chambre d’agriculture ont validé les possibilités de réduction sur certains types de phytos, comme les herbicides avec la famille des sulfonylurées par exemple. Les différents groupes d’adjuvants ainsi que la très large panoplie de buses permettent aussi d’optimiser l’efficacité d’un produit ou de compenser des conditions climatiques défavorables aux traitements.

S’inspirer des agriculteurs pionniers

Cela fait plusieurs années que la Chambre d’agriculture suit les agriculteurs engagés dans le réseau de fermes « Dephy ». Ici les phytos sont progressivement réduits, parallèlement à la mise en place de méthodes alternatives. L’évolution de la production, les IFT et surtout les marges brutes sont suivis de près par Sylvain Duthoit, expert groupes innovants à la Chambre d’agriculture. Et c’est Philippe Decorne, agriculteur à Mourmelon-le-Grand, qui a partagé son expérience : localisation des herbicides sur le rang en betterave et en colza, herse étrille en céréales ou binages dans les cultures sarclées. Ses techniques progressent toujours, Philippe s’interroge désormais sur la possibilité de localiser les herbicides avec un pulvérisateur adapté à l’origine pour les traitements en plein.

Les pratiques alternatives poussées à l’extrême

C’est par les témoignages de Vincent Gauvain, agriculteur à Prunay en production biologique et Grégoire Fauvain, conseiller spécialisé sur le sujet à la Chambre d’agriculture, que se sont clôturées les discussions. Vincent oriente ses pratiques autour d’une rotation de 12 ans, dans laquelle la luzerne a une place prépondérante afin éradiquer plusieurs adventices vivaces. Des cultures peu conventionnelles sont présentes comme le blé de printemps ou le grand épeautre ainsi que des associations comme que le lentillon/seigle ou le triticale/pois. La herse étrille constitue l’outil de désherbage mécanique de prédilection ainsi que le vibroculteur pour les luzernes. Là ou d’autres écartent les rangs et binent, lui cherche à les resserrer pour favoriser l’étouffement par les cultures. Qui a raison ? Ce type de débat n’est pas clos. Les expériences terrains sont à poursuivre. L’agriculture doit continuer d’évoluer. Merci aux agriculteurs pionniers de partager leurs techniques.